Vous demandez, nous faisons : voici la troisième d'une longue liste d'interviews de nos partenaires à impacts positifs ! Quelles sont leurs valeurs ? Comment ont-ils eu le déclic ? Comment veulent ils sauver le monde ? On leur demande.
On continue cette série avec la créatrice de Les Happycuriennes, une marque de cosmétiques pleine de valeurs ! On parle ensemble de minimalisme, de bonheur, de diktats de la beauté et de lâcher prise. Un entretien captivant, plein de positivité !
Cette série est enregistrée en audio puis retranscrite à l'écrit sur Ethic'échos. Mais si la version audio/podcast vous intéresse aussi, faites-nous signe !
Hello ! Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?
Je m'appelle Carole, je suis chimiste et cosmétologue et j’ai fondé les Happycuriennes il y a maintenant 4 ans, fin 2015. C’est la première ligne de cosmétiques minimalistes, bio et véganes, aux plantes du sud-ouest. Je suis basée à Bordeaux.
Quel genre de produits propose les Happycuriennes ?
Une ligne très courte qui se veut minimaliste, c’est un terme très important pour moi. Tous les produits sont multiusages : 4 produits qui font à la fois soin du visage et du contour des yeux (par type de peau), un sérum pour le corps, et un produit pour le visage qui est à la fois nettoyant et démaquillant. Là aussi double action : loin de la mode actuelle du double lavage, ici c’est du tout en un !
A part ce minimalisme, quelles sont les valeurs de Les Happycuriennes ?
Je suis extrêmement puriste en termes de composition, j’ai une charte de formulation très exigeante. Par exemple, tous les soins doivent être formulés à froid pour bien garder les propriétés actives des plantes (comme pour l’alimentation, moins on chauffe plus on garde les bienfaits) !
Les ingrédients sont 100% d’origine végétale, et non testés sur les animaux. Au grand minimum 60% des ingrédients sont bio, le but est toujours de rester dans la fourchette haute des normes.
Les soins sont très concentrés en actifs, donc pas pleins d’eau qui ne sert à rien : on est entre 65 et 85% d’actif entre chaque produit. Grâce à cette concentration en actifs on n’a pas besoin d’utiliser bcp de produit. Pour un soin visage on est entre 3 et 6 mois, voire jusqu’à 12 chez les femmes qui n’ont pas de problème de peau particuliers. Dès l’utilisation, on est dans une optique de zéro déchet. On génère moins d’emballages.
Je fais collecter les flacons. Une fois terminés les utilisatrices peuvent les ramener dans des points de collecte un peu partout en France. L’idée c’est de pouvoir les recycler et vraiment les transformer en de nouveaux objets. Aujourd’hui en France les filières de recyclage ne permettent pas toutes le recyclage des petits objets. Mais d’une ville à l’autre les politiques changent. Je travaille avec une entreprise qui s’occupe de collecter les plastiques qui ne sont pas forcément pris en charge par les filières de recyclage classiques, et elle même travaille avec des entreprises qui ont des méthodes de recyclage adaptés à ce type de packaging. La transformation est donc assurée.
Entre 65 et 85% d’ingrédients viennent du sud-ouest : je revendique du vrai Made in France. Pas juste formulés en laboratoire français, mais avec des plantes qui viennent des producteurs locaux. Dans la charte il faut être à plus de 50%, et aujourd’hui on est à 60 et quelques minimum de plantes du sud-ouest. Je travaille donc en direct avec des petits producteurs ou de petits coopératives, en Nouvelle Aquitaine ou en Occitanie.
Est-ce qu’il y a une recherche d’impact social particulier ?
On n’a pas de label commerce équitable puisque tout est français, mais pour moi c’est tout comme. Je vois par expérience que les prix français sont bien au-delà des prix en dehors de nos frontières. Par exemple j’utilise de l’huile d’onagre, dont je connais les prix grâce à des expériences passées, et le coût est fou, peut être x50 en local, c’est énorme. Si je me fournissais ailleurs ça me coûterait bien moins cher, mais je n’aurais pas forcément la même traçabilité. Là je sais que je fais travailler un petit producteur, je peux échanger avec lui.
Ça ne se quantifie pas, mais il y a aussi cette volonté de lutter contre les diktats de la beauté parfaite : tout ce discours culpabilisant où on fait des promesses aux femmes, avec les mensonges de l’industrie. Ma communication n’est pas du tout dans ce sens, elle est sincère, bienveillante. Dans cette optique j’estime avoir un but et peut être même un impact social.
Pourquoi le nom Les Happycuriennes ?
Dans cet objectif de ne pas avoir un discours culpabilisant, je voulais de promesses de bonheur, d’avoir un état d’esprit joyeux, mélange de happy et épicurien. Le nom m’est venu alors que je me rendais à une conférence sur le bonheur et que je lisais le magazine Happynez dans le métro. Tout était aligné sur le thème du bonheur, c’est apparu comme une évidence.
Qu’est ce qui t’a poussée à monter Les Hapypycuriennes ?
Ce n’était pas du tout un objectif de carrière, j’ai travaillé 12 ans dans une entreprise de cosmétique où j’ai fait de la formulation, du marketing, du RSE… Mais en fin de parcours je n’étais plus dans une industrie qui me plaisait, je la trouvais très superficielle, je ne voyais plus ce qu’on pouvait tirer de la beauté. Donc je suis partie travailler en ONG, j’ai d’abord fait du bénévolat puis travaillé pour la fonction de yann arthus bertrand, Mais je n’ai pas réussi à couper le cordon avec la cosmétique.
Comme je tenais à l’époque un blog sur le développement durable je mettais toutes les choses nouvelles que j’apprenais, et de temps en temps je parlais de la cosmétique. Comme il s’en passait de plus en plus j’ai carrément ouvert un blog dédié, Génération cosméthique, et je recensais tous les efforts faits, toutes les histoires positives dans le domaine.
J’avais fini par faire un guide blanc de la cosmétique responsable, avec tous les points importants, les points idéaux d’une marque de cosmétique responsable. Une fois fini de l’écrire, je me suis demandé à quoi il pourrait vraiment servir… Et un soir, je me suis dit « et pourquoi pas lancer cette marque » !
Un déclic pour lancer sa marque ?
Ce fameux livre blanc. Je sais que quand on me parlait de lancer ma marque je disais que ça ne me disait rien, que ça ne semblait pas pour moi, puis finalement ça m’est apparu comme une évidence.
Ce qui m’a aussi confortée, c’est que j’ai interrogé plein de femmes pour savoir ce qu’elles attendaient de la cosmétique. C’est quand j’ai vu l’engouement de cette première phase de co-création que je me suis dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire de nouveau.
Un moment marquant dans l'histoire de la marque ?
J’ai eu un vrai coup dur, dans le sens où je travaillais au début avec un laboratoire du sud-ouest pour être 100% dans le sud-ouest, et ils n’arrivaient pas à développer le produit. Formulation à froid, concentration, ils n’avaient jamais fait ça. Ils n’y arrivaient pas. Au bout de 8 mois d’échecs, j’étais désespérée. Puis c’est finalement par hasard, en recontactant quelqu’un qui avait participé à la cocréation, que j’ai eu cette opportunité de rencontrer mon laboratoire actuel qui se trouve à paris.
Le côté positif, c’est que j’ai appris le lâcher prise. J’étais partie avec plein d’idées dont je ne voulais pas démordre, mais j’ai appris à lâcher prise et je le décline cet apprentissage en perso et en pro.
J’ai aussi fait une campagne Ulule qui reste un très bon souvenir : l’échos a été incroyable. Recevoir des encouragements d’étrangers à mon réseau, ça a fait beaucoup de bien.
Un conseil à quelqu’un qui a aussi envie de changer le monde ?
Le lâcher prise évidemment, mais avant tout je me dirais : il y en a plein qui m’ont dit que ce que je faisais était inconscient. Mais je n’ai pas lâché, parce que je suis têtue mais aussi parce que je croyais à fond dans mon projet. Il faut s’écouter et ne pas toujours écouter les nuisances autour de soi. Dans tous les cas, c’est hyper enrichissant, quelle que soit l’issue.
Est-ce qu’il y a un dernier point que tu aimerais aborder ?
La gamme a été co-conçue, avec une boîte spécialisée dans l’impact, donc aucun choix n’a été fait au hasard, tout a été fait pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement Tout est perfectible mais j’ai fait un maximum dès le démarrage.
C’est évident pour moi mais un des premiers objectifs c’est de proposer des cosmétiques sains, sans substances controversées, même si ce ne sont que des suspicions, des doutes, je n’utilise pas !
La question de la dernière invitée :
Quel est le meilleur chocolat ?
Je ne suis pas une grande amatrice de chocolat donc c’est compliqué… Mais je peux raconter mon histoire avec le Nutella ! Avant (avant avant) je ne connaissais que ça, et quand j’ai fait mon virage écologique j’ai arrêté du jour au lendemain pour partir vers la Nocciolata !
Une question à poser au prochain invité ?
Saviez-vous qu’il y avait des perturbateurs endocriniens dans vos cosmétiques et est-ce que vous y faites attention dans les ingrédients ?